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Les moments forts :
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L'Equateur enfin!
05/03/2003
Aujourd'hui à 12 heures 37 minutes 48
secondes TU (13h 37mn 48 sec heure française), Géronimo
a franchi l'Equateur.
Après 22 000 milles et 53 jours 9 heures 37 minutes et
39 secondes de course, le trimaran a coupé pour la deuxième
fois la latitude 0°, 4 heures 48 minutes derrière
le chrono record établi par Orange en 2002.
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" Cela fait 2500 milles que les vents sont à
90% inférieurs à 8 nuds avec des temps à
grains. Jamais les vents de plus de 10 nuds n'ont été
établis. On ne tire pas de bord, mais on serre le vent dans
la traînée du grain et ça fait 72 heures que
ça dure. Heureusement, Géronimo va vraiment bien dans
les petits airs, d'autant que nous avons aussi des voiles adaptées
à ce type de conditions. Il n'empêche que le bateau
comme l'équipage sont très sollicités. Il faut
de l'attention quasiment en permanence. Voilà 8 jours que
l'on grappille chaque mètre, chaque seconde de parcours.
4 heures de retard par rapport à Orange, ce n'est pas si
mal. Il y avait de quoi perdre deux jours si on ne s'était
pas battu comme des lions ", commente le skipper.
Le
record actuel est de 64 jours 8 heures 37minutes et 27 secondes.
Pour arriver dans les temps, il faudra donc arriver en moins de
10 jours et 23 heures. " Devant nous, un pot au noir se
développe. Le système que l'on vient de traverser
continue jusqu'à 3° ou 4° de latitude Nord. Pas de
vent en Atlantique nord, l'alizé n'est pas construit. Le
pot au noir prend une place énorme, au minimum 1400 km d
'épaisseur. Aucun élément nous permet de penser
que l'on va aller vite dans les jours à suivre. Malgré
une ambiance plutôt agréable et active, il plane toujours
cette angoisse de voir que ça se s'améliore pas. Pendant
des jours et des jours, on a cru que le vent viendrait. À
présent, on sait qu'il va falloir encore attendre l'équivalent
de 300 ou 400 km. Le Trophée Jules Verne va se faire à
l'arrachée. Si on réussi à l'avoir, ce ne sera
pas d'un jour, ni d'une demi-journée, mais plus certainement
de quelques heures ou quelques minutes. Peut-être aussi qu'il
nous manquera 30 minutes. Aujourd'hui, c'est à ce niveau-là
que ça se passe. Certes Orange a été coincé
dans l'Est, mais nous, nous sommes coincés dans le Sud. On
monte lentement. Orange a réalisé une fin de parcours
que l'on peut considérer comme honorable. Il va falloir que
l'on aille très vite. En attendant, chaque heure qui tourne
en ce moment nous fait accumuler du retard ", termine Olivier
de Kersauson.
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La pétole !
Skipper avec super équipage souhaiterait rendez-vous
"amical" avec beaux alizés ... et vite ! (Affinité
assurée).
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01/03/2003 :
Toujours
en prise à des vents faibles, le trimaran poursuit sa remontée
vers le nord. Pour son 49eme jour de mer, Géronimo a parcouru
235 milles à une vitesse moyenne de 9,82 noeuds, depoint
à point. A 3h00 TU ce matin Géronimo pointait à
1 408 milles de l'equateur (par 30°W). Orange au même
terme de son parcours se situait à 2014 milles de ce point.
Géronimo
fait actuellement route au près serré dans de très
petits airs. Aucun signe ou prémisse alizéen pour
le moment." Voilà trois jours que des champs de vents
tombent et que l'on ne voit jamais rien arriver. 8 nuds, c'est
le maximum relevé à l'anémomètre. Je
ne comprends pas trop. L'ensemble des prévisions est assez
cohérent en général. Actuellement, Géronimo
évolue dans une espèce de pétole énorme
avec des aspects orageux depuis cette nuit. Il pleut des cordes
et le vent est très irrégulier, entre 4 et 12 nuds.
Heureusement, le bateau est une bombe dans le petit temps. Un tour
du monde se gagne ou se perd dans la remontée Nord Sud. Certes,
Géronimo est rapide dans les petits airs, toutefois faut-il
encore qu'il y en ait. Ce n'est pas le cas en ce moment. Il n'y
a rien. A un certain angle, le bateau marche jusqu'à deux
fois la vitesse du vent : lorsqu'il y a 4 nuds le trimaran
avance à 8 nuds. C'est rapide mais pas suffisant.
De plus, Géronimo a un tirant d'air énorme. Les girouettes
sont placées en tête de mât, à 43 mètres
au-dessus de nous. C'est donc le haut de la voilure qui travaille
car à mon avis, à moins de 30 mètres, il n'y
a déjà plus rien. Les prévisions annoncent
toujours 10-15 nuds. A chaque instant, on doit avoir du vent
que l'on ne voit pas arriver. Je ne les regarde donc plus, ça
ne sert à rien. Si on commence à hypothéquer
sur celles-ci, il y a de quoi devenir cinglé ",
commente le skipper.
Olivier
de Kersauson et ses 10 hommes d'équipage changent d'amure,
tirent des bords en fonctions des rotations de vents. " On
a des petits airs de 4 nuds qui varient de 50 à 70°.
Nous sommes souvent obligés de manuvrer afin de récupérer
la moindre bouffée d'air néanmoins, nous essayons
de tenir une ligne médiane. L'ambiance à bord se tend
un peu. Cette zone de calme demande une vigilance énorme
pour récupérer un mètre de parcours. Lorsqu'un
quart termine, je reste sur le pont pour expliquer la situation
à l'autre pour qu'il essaye de se démerder au mieux.
Heureusement, Yves Pouillaude est d'une sérénité
incroyable, c'est extraordinaire. Ce n'est pas de l'indifférence,
il reste de bonne humeur. Ça détend un peu l'atmosphère
".
27/02/2003 :
Jeudi
après-midi, après un peu plus de 47 jours de mer,
l'équateur était à 1.720 milles des étraves
du maxi-trimaran. L'an dernier Bruno Peyron et les siens avaient
franchi ce "cap" après un peu plus de 53 jours.
Pour conserver de l'avance sur le temps de référence
d'"Orange", Olivier de Kersauson et les siens doivent
parcourir une moyenne de 286 milles par jour. Vendredi, le maxi-trimaran
du Brestois devrait franchir le Tropique du Capricorne. Par ailleurs,
"Géronimo" a parcouru 21.000 milles à une
moyenne de 18 noeuds.
26/02/2003 :
Olivier de Kersauson et ses équipiers ont aligné plus
de 412 milles en 24 heures aujourd'hui. Pétole prévue
pour ces prochaines heures !
"Un tour du monde, c'est très aléatoire. Nous
avons connu un océan Atlantique Nord un peu magique avec
des conditions formidables. L'Atlantique Sud était plutôt
moyen. Les conditions dans l'Indien et le Pacifique ont été
absolument dégueulasses. Or ces océans sont quand
même les 2/5 du parcours. En général, c'est
là que l'on engrange les milles pour les remontées
nord-sud. Pour "Géronimo", ça a été
l'inverse. Les conditions ont été exceptionnellement
négatives dans toute cette partie du globe".
Ils n'ont pu à aucun moment dans les mers du sud se positionner
en latitude sud, ils étaient bloqués au nord dans
une mer qui n'a pas été facile de dompter.
"Difficile
de gagner du temps d'ici l'équateur"
De
plus, cette année, la remontée de l'Atlantique n'est
pas des plus simples, pas de passage à l'est et sur la route
directe : des zones de calmes qui s'enchaînent. "On
sait maintenant que jusqu'à l'équateur, ça
va être mauvais. Peut-être que de l'autre côté
de celui-ci, dans la négociation de l'anticyclone de Sainte-Hélène,
on aura moyen d'aller un peu plus vite. Je ne demande pas des conditions
exceptionnelles, juste moyennes. Parce que jusqu'à l'équateur,
on ne pourra rien prendre sur "Orange". Au mieux, on égalise,
au pire, on limite les dégâts", concluait
le skipper de "Géronimo".
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24/02/2003
:
Annonce
de l'abandon d'Ellen Mac Arthur suite à un démâtage.
Pas de blessés à bord.
Alors qu'il progressait sous grand voile haute et spinnaker dans
des conditions modérées de 25-30 noeuds de vent et
1.5 mètre de houle, à environ 100 milles au sud-est
des îles Kerguelen, Kingfisher 2 a démâté,
hier à 22h40. Le mât est tombé sans prévenir
sur l'avant du bateau, en épargnant les 3 équipiers
qui étaient alors sur le pont. A 02h30, sous gréement
de fortune, Kingfisher 2 avait repris un peu de vitesse et progressait
entre 7 et 10 noeuds vers le port le plus proche et le plus facilement
accessible, Perth (sud-ouest de l'Australie), à quelques
2000 milles dans leur nord-est.
Pendant
ce temps, Olivier continue sur la route directe mais ne bénéficie
pas de bonnes conditions de vent. Le bateau marche plutôt
bien dans les petits vents, heureusement .... Lors de la 44eme journée
en mer, ils ont pu faire 352 milles de plus, à une vitesse
moyenne de 14,69 noeuds. Attendons donc qu'Eole veuille bien coopérer
davantage !
Olivier a biensûr eu connaisance de l'avarie sur Kingfisher.
Voici sa réaction :
" Un démâtage est toujours une avarie technique
lourde dans laquelle il y a quelque chose de terrible. Non seulement
on perd le mât, mais surtout le bateau ne peut pas recourir
dans la foulée. L'équipage perd tout espoir car cela
veut dire immobilisation du bateau et fin du Trophée Jules
Verne, cette année tout au moins. Comme tous les équipages,
les hommes de Kingfisher2 se sont donné du mal pour armer,
préparer et courir. C'est quelque chose de regrettable, mais
j'espère que ce n'est que partie remise pour l'année
prochaine ".
Géronimo bénéficie depuis ce matin d'une "petite
dépression". Il continue en route directe vers l'équateur
à une vitesse sur le fond de 19,0 noeuds.
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Bon
vent Géronimo ! C'est la dernière ligne droite jusqu'à
Brest !
" Le Horn se mérite. Son passage signifie la fin des
emmerdes, l'entrée dans un monde plus humain ".
Comme le soulignait Didier Ragot, c'est l'assurance de ne plus risquer
sa vie dans des zones où personne ne peut venir vous chercher
s'il y a un pépin à bord. Après un peu plus
de 40 jours de mer, c'est avec un certain soulagement qu'ils se
rapprochent de jour en jour de Brest.
Il est vrai qu'entre l'Indien et le Pacifique, ils n'ont pas été
gâtés : mer " casse-bateau ", conditions
pourries, mauvaise glisse, icebergs qui obligent à rallonger
la route. Bref, une sortie du tunnel vers la lumière. Heureux
aussi d'avoir un bateau en très bon état (c'est ce
que souhaitait Olivier au départ de ce tour du monde), un
équipage en forme et toujours prêt à donner
le meilleur de lui même. Ils quittent le Sud avec la satisfaction
d'avoir pu mener le bateau à des vitesses tout à fait
convenables compte tenu des conditions exécrables rencontrées
cette année, et qui les ont contraint à rallonger
leur route de 20 % environ (c'est sûrement cela qui donne
de l'amertume tant au skipper qu'aux équipiers).
Cependant, si le fait de quitter ce monde hostile est plus rassurant
pour l'équipage, le casse-tête sur les cartes météo
est loin d'être terminé.
L'avance qu'Olivier et son équipe avait su engrangée
a bien fondu depuis le Cap Leeuwin. Déjà, entre Bonne
Espérance et Leeuwin, ODK n'avait pas pu égaler le
temps référence réalisé sur "Sport-Elec"
en 1997, mais l'Indien et le Pacifique réunis ont "grignoté"
la moitié de la réserve de milles : il ya eu en tout
et pur tout 2 belles journées de glisse sur ces 20 jours
de brume et de crachin.
Au passage du Horn, Olivier affiche une avance de un jour et demi
sur Orange. Aussi, on comprend bien que le parcours restant va être
décisif : entre l'anticyclone de Sainte-Hélène,
le Pot au Noir et le passage des Açores, le chemin du retour
est semé d'embûches, même si le trimaran tire
très bien son épingle du jeu dans les petits airs.
On mesure à quel point cette avance est à conforter
quand on observe le retard d'Ellen Mac Arthur entre Ouessant et
le Cap Bonne Espérance, ou quand on se rappelle les conditions
de calme rencontrées à l'équateur par Olivier
lors de sa tentative de l'an dernier. Ils savent aussi que maintenant
qu'ils ont atteint ce point du parcours, ils vont pouvoir rechercher
des vitesses plus élevées, celles que peut atteindre
un bateau aussi magnifique que Géronimo. le fait qu'il soit
en parfait état peut leur permettre de "tirer"
un peu plus sur leur monture, de bénéficier du fort
potentiel de ce géant des mers qui a tenu toutes ses promesses.
Croisons
les doigts pour que Géronimo bénéficie de la
clémence d'Eole et de Neptune, on peut bien espérer
cela après les conditions pourries qu'ils ont subies depuis
Leeuwin !!!
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La "pseudo-délivrance", et 2 nouveaux records au
passage du cap mythique : le Cap Horn !
A
19
heures 16 minutes et 13 secondes TU, Géronimo a établi
un nouveau temps record entre Ouessant et le Cap Horn. Olivier et
son équipage conserve une avance de 1 jour 10 heures et
36 minutes sur Orange, malgré une navigation dans le
Sud rendue très difficile par la présence d'iceberg.
Subissant des dépressions circulant très nord, empêchant
de faire route au sud, Géronimo aura finalement avalé
350 milles de plus qu'Orange pour atteindre le célèbre
rocher Chilien en 40 jours 16 heures 16 minutes et 04 secondes.
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20/02/2003
:
Avec 40 jours 16 heures 16 minutes et 04 secondes pour ralier
le Horn, Olivier et ses hommes reprennent le record à Bruno
Peyron.
Ils empochent également le record "Equateur - Cap Horn"
avec seulement 2 minutes d'avance sur le temps réalisé
par Orange.(voir page "temps
de référence")
Mais avant tout, Géronimo sort enfin de l'enfer, ce qui ne
déplait pas au cap'tain et à ses équipiers
:
" Le parcours du Trophée Jules Verne est magnifique.
Le cap Horn n'est donc pas une délivrance. Passer ce rocher
est aussi un bon moment. Nous avons pu ménager le bateau
et l'équipage. Nous venons de sortir d'un passage difficile
du Sud sur lequel, tant dans l'Océan Indien que dans l'Océan
Pacifique, nous avons eu des mers infectes, toujours croisées,
avec de la très mauvaise glisse. Nous avons été
obligés de naviguer très Nord à cause des dépressions
violentes, très Nord elles aussi. Impossible donc de descendre
vers un beau Sud. De plus, il y a eu des glaces à hautes
latitudes.Cela n'a été un Sud ni amusant, ni émouvant
et sans beauté à cause de la brume et du crachin.
Il n'y a pas eu cette magie qui est souvent une grande compensation
de ce monde de froid, d'isolement et de grandeur en même temps.
Je me souviens être passé là il y a quelques
années, presque à l'arrivée de l'hiver. On
avait une impression d'éloignement, de magie très
forte. Là, les moments n'ont été magnifiques
que sur le plan maritime. Il fallait faire marcher Géronimo
dans des conditions alors qu'il n'y avait pas de bonne glisse, pas
de moment intéressant.
Certes, intellectuellement ça a
été tout à fait passionnant. Cependant, émotionnellement
nous avons été privé de ce Sud qui fait battre
le coeur. Aujourd'hui, l'ensemble de l'équipage de Geronimo
est content de passer le Horn. On sait que l'on va retrouver des
couleurs, des ciels, du bleu, des étoiles. C'est un parcours
que j'ai fait six fois dans ma vie. Si ça avait été
6 fois comme cela, ça ne l'aurait pas fait. Nous sommes toujours
obligés de ralentir pour ne pas fracasser le bateau. Nous
avons eu très peu de belle glisse, ce qui est un peu frustrant.
Imaginez quelqu'un qui monte à 8000 mètres, qu'il
y a du brouillard. Il ne voit donc même pas la montagne sur
laquelle il est. C'est un peu ce qu'il s'est passé pour nous.Malgré
le fait que nous ayons été très vite, nous
avons perdu un jour et demi de l'avance que nous avions sur le record
de Bruno Peyron. D'un autre côté le bateau est en état.
J'ai toujours dit qu'il fallait arriver au cap Horn avec un bateau
et un équipage capables de courir, d'assumer l'extraordinaire
variété de conditions météorologiques
que nous allons avoir à partir de maintenant et jusqu'à
l'arrivée à Brest. Mis à part un petit pet
sur un flotteur à l'arrière qu'une vague a fait, rien
de grave à signaler. Le matériel entièrement
en état. Il n'y a pas non plus de blessés malgré
quelques beaux chocs et autres plantages.J'ai un bon équipage,
vraiment formidable. Ce sont tous des marins. Certains viennent
de la marine marchande, d'autres de la pêche. Ce sont des
hommes de mer. Ils n'ont pas mis longtemps à devenir de vrais
bons régatiers. La manoeuvre va vite. Aucune faute de manoeuvre
sur le tour. Pas une seule écoute mal passée en dépit
de la fatigue. Pas un gennaker qui ne monte pas à toute vitesse.
Sur Geronimo, l'ensemble de l'équipage fait preuve d'une
capacité de résistance et de contrôle tout à
fait formidable, c'est un vrai bonheur.Nous sortons d'un monde
sans innocence. Ces océans du Sud, même à cette
époque de l'année, ont des réserves de vent
de violences colossales. Le passage du Horn signifie que cette partie
dure et violente est finie. Bien sûr, maintenant on peut encore
prendre des coups, mais ce ne sera pas systématique.Comme
le disait Didier Ragot, une fois que l'on a passé le Horn,
on sait qu'on ne va pas mourir, que quoi qu'il arrive on s'en tirera
", termine Olivier de Kersauson.
21/02/2003 :
Extrait
de la vacation d'Olivier. Tout est dit dans ces quelques lignes
: bonheur de quitter ce Sud hostile, bonheur de naviguer avec un
équipage de ce niveau, et un envoyé spécial
(mais au fait, ne s'agirait-il pas d'un clin d'oeil du vieux Nelson
?
Question:
Ce passage du Cap Horn, peux-tu revenir là-dessus et nous
parler de ce moment qui a été certainement un moment
magique ?
Olivier de Kersauson: Je me réveille... je n'ai pas
dormi depuis longtemps... Tu dis quoi ?
Q: Je te parlais du passage du Cap Horn.
OdK: On est passé tout près. On avait comme
d'habitude pas de route directe, on est passé à tirer
des " pannes ", on était à moins d'un mille...
La brume a disparu le temps de passer le Horn pendant une heure.
On avait une belle lumière, du ciel bleu, c'est bien, c'est
joli, on a fait des photos idiotes, des photos de groupe, les nouveaux
et, les anciens... On a fait tout... On s'est bien marré.
Cela nous faisait plaisir. Le matin c'est dommage, les gars qui
n'y sont jamais allés ne vont pas le croire , on a eu un
temps formidable. Pendant une heure et demi, la brume a disparu
avec du ciel bleu, belle lumière, il faisait presque chaud.
On s'est fait des photos d'idiots. C'était sympa. C'est d'une
beauté incroyable. Cette pierre noire, avec ce tout petit
phare, que j'avais vu éclairé dans la pénombre.
On voyait bien certains pics comme on voit aux îles Marquises
ou dans les illustrations des bouquins de Jules Verne, le Tour du
monde en ballon et tout cela... La diffusion avec le gardien de
phare était géniale. On a fait répéter
10 fois, il ne comprenait pas que l'on aille à Brest en passant
par là !
Q: Avez-vous vu la Cordillère des Andes, les monts
enneigés derrière ou c'était trop loin ?
OdK: On avait de la visibilité sur une vingtaine de
milles, dans une espèce de cercle bleu, très haut,
on ne voyait rien au-delà. On a vu l'île à côté,
c'est tout. Un quart d'heure avant j'étais passé près
de Diego Ramirez à un mille et demi, on ne voyait pas.
Q: L'ambiance à bord : je suppose que les nouveaux
" cap horniers " ont eu le temps de fêter cela dignement
où vous reportez cela à plus tard ?
OdK: Non pas vraiment. On n'a rien pour faire la fête
à bord. On était content. C'est dans la symbolique.
Le Horn, c'est quand tu sais que tu l'as atteint, tu sais que tu
vas entrer dans des routes clémentes. On en avait marre entre
un Indien dégueulasse et un Pacifique pareil, on a eu tous
les ennuis du sud et aucune des joies, ni des lumières, ni
des beautés. En plus, on n'était même pas sud,
on a fait un parcours très très nord, avec des rotations
rapides, la mer violente. En 20 jours, 2 journées, 2 belles
nuits. Une fois sous Kerguelen, presque une journée et demi,
et une autre fois en Tasmanie quand on descendait. En permanence,
on a eu le vent sur la route, toujours à tirer des pannes
et de la mer cabossée, des espèces de creux... On
a récupéré un oiseau de mer à bord.
Un petit. On ne sait pas ce que c'est. On l'a retrouvé dans
les filets du bateau. Je ne sais pas si c'est une vague qui l'a
projeté à bord ou s'il ne s'est pas éclaté
sur quelque chose, sur le haubanage, on l'a installé à
l'intérieur, près du moteur où il y a un peu
de chaleur, on lui a fait un nid qui n'est pas prémonitoire
: dans une cocotte minute ! On essaie de le nourrir avec du poisson
et un peu d'huile.
Q: Cela fait un compagnon en plus. Vous êtes 12 à
bord Olivier ?
OdK: Je pense... Il est joli en plus... Je ne sais pas ce
que c'est...
Q: Mâle ou femelle ?
OdK: On n'a pas regardé. Ce doit être un mâle,
il n'avait pas de sac à main ! (rires)
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Des conditions difficiles dans ce Pacifique, et puis une journée
plus encourageante ...
C'est
vraiment pas de chance que de naviguer dans des conditions aussi
difficiles. Des mers croisées, des dépressions Nord
empêchent une bonne glisse et une vitesse tant espérée.
Au Sud, la présence de glaces interdit d'y faire route, surtout
de nuit. Plus au Nord, le vent manque de puissance. Il s'agit donc
encore d'un compromis, consommateur des milles d'avance si précieusement
accumulés depuis le début de la tentative.
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16/02/2003
:
Geronimo a parcouru 454 milles lors de sa 36ème journée
de mer, soit une vitesse moyenne de 18,90 nuds de point à
point. Si le trimaran progresse à plus de 20 nuds,
les empannages sont fréquents. Le
Sud est décidément médiocre cette année,
interdisant les longues journées de glisse par manque de
vent, mer cabossée ou présence de growlers."
C'est ce que je me dis quand ça ne marche pas comme je
voudrais, ce qui est exactement le cas. Depuis trois jours, ce p
de vent dans l'axe de la route nous oblige à tirer
des pannes. Mais mieux vaut ce temps-là que pas de temps
du tout: Grrrrrrrrr ! " commentait hier soir le skipper.
Depuis ce matin, la dépression sur laquelle Géronimo
s'appuyait depuis l'antiméridien s'essouffle et devrait disparaître
aux abords de la pointe du continent sud américain. Un nouveau
système dépressionnaire, composé au nord d'une
dépression tropicale et au sud d'une autre dépression
froide, devrait permettre au trimaran de retrouver du vent à
partir de cette nuit, de secteur nord nord-ouest. Après empannage,
les guerriers de Géronimo devraient donc retrouver un angle
au vent favorable leur permettant de tirer tout droit sur le cap
Horn.
19/02/2003 :
Encore
une bonne journée : 545 milles parcourus à la moyenne
de 22,70 noeuds lors de son 38ème jour de mer. A présent,
la bascule de vent au Nord Nord-Ouest permet à Oliver de
Kersauson et à son équipage de descendre sur le cap
Horn en route directe, poussés par des vents de 37 à
42 noeuds, et jusqu'à 45 dans les rafales." Géronimo
porte sa grand-voile à deux ris et trinquette. Nous avons
une bonne glisse. La mer n'est pas trop formée. Pas trop
vicieuse en tout cas. Jusqu'à présent, nous avions
des mers chaotiques, dégueulasses. Exceptions faites de nos
passages sous les Kerguelen et au Sud de la Nouvelle-Zélande.
Actuellement, la mer est plutôt rangée, bien que forte.Le
bateau passe bien. Même si parfois ça reste un peu
croisé et par conséquent un peu cow-boy, c'est loin
d'être dantesque. C'est du Sud sympa. La mer est assez longue.
Peu de risques de planter le bateau, ou d'enfourner. Pas non plus
d'engagements trop irréguliers, en tout cas rien de grave.
Tout va bien malgré toujours un peu de fatigue, du mal de
dos pour certains puis quelques ecchymoses. En effet, avec les chocs,
on se retrouve parfois projeté d'un bord à l'autre.
Sinon ça se pilote bien".
Olivier
est toujours très vigilant dans ces conditions de mer difficile
: "Nous savons qu'il y a des icebergs de l'autre côté
du Horn. J'ai eu une position sur des relevés, le long de
la côte, sur le plateau Argentin. Nous n'avons évidemment
pas envie d'en croiser de nouveau. D'autant qu'une descente d'air
chaud, derrière nous, entraîne des visibilités
nulles : 400 mètres à peine en ce moment ! On a le
radar en veille et le quart en place sur le pont le surveille assez
régulièrement ".
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Prudence encore et toujours dans le Pacifique!
Après
un Indien qui leur a réservé des conditions de mer
épouvantables, le Pacifique ne se montre pas vraiment sous
son meilleur jour pour les premiers milles d'accueil. Les conditions
météo ne permettent pas le choix d'une route plus
courte et les growlers restent le danger N°1.
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Si
on analyse la situation par rapport à celle qu'a connu Orange,
sur la parcours menant du Cap Bonne Espérance au Cap Leeuwin
: Peyron met 10 jours 12 heures 42 minutes tandis qu'Olivier
de Kersauson fait ce même parcours en 1997 en
8 jours 23 heures et 17minutes, soit
1 jour 20 heures et 29 minutes de moins pour Kersauson.
Peyron connait des difficultés pour
se recaler sur la route classique. Il essuie de violents coups de
vent qui le contraignent de se mettre un jour à la cape et
le lendemain à sec de toile. Au final, il perd quasiment
deux de ses trois jours d'avance et double Leeuwin avec seulement
1 jour et 7 heures d'avance sur Kersauson après 29 jours
de mer et quelques 12 000 milles. Une entrée dans le sud
ratée mais pas d'autre solution pour Peyron. Olivier a fait
un meilleur temps sur Géronimo ( 9 jours 14 heures et 18
minutes)
mais il n'améliore pas le temps référence.
Vu l'avance accumulée au Cap Bonne Espérance, Geronimo
passe ainsi le second cap du parcours, situé à l'extrême
Sud Est de l'Australie, avec 3 jours 2 heures et 29 minutes d'avance
sur Bruno Peyron.
La
Tasmanie a été passée dans un temps raisonnable
mais pas optimal vu les conditions météo rencontrées.
Il s'agit maintenant de bâtir une stratégie pour le
choix de la route qui permette à ce fabuleux trimaran d'atteindre
les vitesses attendues. Cela va dépendre bien entendu de
la météo.
Rappelons que Peyron fait la différence dans le Pacifique
: les chevaux sont lachés, avec plus de 630 milles en 24
H. Il gagne quasiment 3 jours et 7 heures, ce qui porte son avance
à 4 jours 14 heures avant la remontée vers Brest.
Sur le parcours Cap Leeuwin - Cap Horn : Peyron met 12 jours 19
heures et 30 minutes contre 16j 2H 27mn
pour Olivier en 1997.
On comprend donc la nécessité
pour Géronimo de retrouver de bonnes conditions de mer et
de vent pour continuer à avaler les milles et peut-être
accentuer son avance.
14/02/2003 :
La
nuit dernière, Geronimo a croisé ses premiers icebergs
alors quOlivier de Kersauson et ses 10 hommes déquipage
naviguaient à 53° Sud. Une véritable surprise
à ces latitudes. « Cest ce qui minquiète
un peu. On en voit rarement aussi Nord sauf les années de
grandes débâcles. Rencontrer de la glace à cet
endroit, avec des températures deau relativement élevées
(entre 7 et 10°), ma mis un petit coup de froid, cest
le cas de le dire. Cest assez alarmant. On se retrouve dans
un schéma de navigation très particulier. Dun
côté, des systèmes cycloniques où il
est impossible de mettre les pieds. De lautre, un Sud compliqué.
On se fait chahuter entre des hautes pressions qui sinstallent
et des dépressions qui essayent de monter. Résultat
: des routes inconfortables, des grains, des systèmes perturbés
avec des fronts. Si en plus il y a des glaces, ça va vraiment
devenir la fête. Depuis 24 heures, on a un peu limpression
dêtre à la peine, davoir du mal à
passer et à trouver une latitude où ça glisse.
On est un peu le nez dedans ».
Les moyens de détection des icebergs et growlers restent
limités, aussi bien le jour que la nuit. « Ce qui
est dangereux pour nous, ce sont tous les morceaux qui séchappent
des icebergs ou qui flottent au ras de leau. Seul 10% de la
glace dépasse à la surface. Pour exemple, un bloc
de 100 m3 ne va dépasser que dun mètre de leau.
Avec des bateaux comme Sport Elec, moins rapides, cétait
plus simple. Un trimaran tel que Geronimo va toujours au-delà
de 20 nuds alors que nos moyens techniques de détection
ne se sont pas améliorés. Il y a également
une part de hasard dans tout ça. Donc on fait attention car
si on touche avec le carbone, cest un drame ! Lorsque la mer
est levée et quil y a 5/6 mètres de creux, quelque
chose qui ne dépasse de leau que dun mètre
ne sera vu quau dernier moment. Cest donc un peu effrayant.
Dici à une dizaine de degrés de longitude plus
Ouest, le danger sera dissipé. Faut-il encore y aller !
».
15/02/2003
:
Géronimo
fait toujours une route au Nord, venant de recouper la trajectoire
du record d'Orange. Contraint de remonter jusquà 52°
de latitude Sud ces dernières heures, Olivier de Kersauson
et ses 10 hommes déquipage neffectuent pas une
trajectoire des plus favorables. « Dun point de vue
géographique, notre route nest effectivement pas très
bonne. Nous perdons beaucoup de temps en ce moment. Comme on est
à la convergence antarctique, jai décidé
de tirer un bord Nord, pas vraiment opportun. Lidéal
aurait été de faire de lEst. En fait, on est
monté en faisant du 50° (Nord-Est) pour séloigner
de ce piège. Nerveusement cest difficile : Tension
et fatigue à la clef. Vivement un Pacifique un peu plus harmonieux.
Sinon, quon sorte vite de là. Plus on descend tôt,
et plus la route est courte. Ce nest pas le cas pour linstant,
mais dici à quelques heures, je pense que ce sera possible.
Tout va dépendre de la dépression qui est en dessous
de nous. On a limpression que le système pourri quil
y avait dans lIndien se propage jusquici et ce nest
pas bien pratique. Malgré tout, ici on arrive quand même
déjà à atteindre des latitudes plus Sud. Dans
lIndien, on était souvent au-dessus de 50 pour réussir
à passer, alors que là on réussi quand même
à naviguer aux alentours de 52° ou 54° de latitude
Sud. Jespère vraiment pouvoir descendre rapidement.
On verra. A chaque jour suffit sa peine. Même si à
priori, les hospices ne sont pas bons, on réussira bien à
passer ».
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