Olivier de Kersauson

 

Un nouveau trimaran géant : "Géronimo"
Objectif : Le Trophée Jules Verne et bien d'autres records !


Index pages Olivier
Portrait
Equipage TJV 1997
Le Trophée Jules Verne
Evolution du trimaran "Sport-Elec"
Records établis

Projet Géronimo
Baptême
Premiers bords
Visite de Géronimo : L'album photo
3 Hommes pour un projet fabuleux
Equipage de Géronimo
Le départ
Comparaison des routes Orange/Sport-Elec
 


Retrouvez des nouvelles d'Olivier et de ses équipiers tout au long de ce fabuleux parcours maritime.

Un point sur la progression de Géronimo vous sera proposé chaque fin de semaine sur cette page. Cette fréquence me permettra de vous présenter les grands moments que va vivre l'équipage de Géronimo.

 
Coup d'oeil sur les Cartes "Position de Géronimo"

Cartes "Position"
clic !

Les temps de référence
  Les moments forts de ce Trophée Jules Verne :
 
Prudence encore et toujours dans le Pacifique (15/02/2003)

Des conditions difficiles dans ce Pacifique (16/02/2003)
Enfin le Cap Horn et 2 nouveaux records pour Géronimo (20/02/2003)
Point de situation après passage du Horn
Info : Abandon suite à démâtage pour Ellen Mac Arthur (24/02/2003)
Skipper souhaite rendez-vous urgent avec beaux alizés (01/03/2003)
L'Equateur enfin franchi (05/03/2003)
 

Les moments forts :
1 - 2 - 3 - 4 - 5
 



L'Equateur enfin!

05/03/2003
Aujourd'hui à 12 heures 37 minutes 48 secondes TU (13h 37mn 48 sec heure française), Géronimo a franchi l'Equateur.
Après 22 000 milles et 53 jours 9 heures 37 minutes et 39 secondes de course, le trimaran a coupé pour la deuxième fois la latitude 0°, 4 heures 48 minutes derrière le chrono record établi par Orange en 2002.

 


" Cela fait 2500 milles que les vents sont à 90% inférieurs à 8 nœuds avec des temps à grains. Jamais les vents de plus de 10 nœuds n'ont été établis. On ne tire pas de bord, mais on serre le vent dans la traînée du grain et ça fait 72 heures que ça dure. Heureusement, Géronimo va vraiment bien dans les petits airs, d'autant que nous avons aussi des voiles adaptées à ce type de conditions. Il n'empêche que le bateau comme l'équipage sont très sollicités. Il faut de l'attention quasiment en permanence. Voilà 8 jours que l'on grappille chaque mètre, chaque seconde de parcours. 4 heures de retard par rapport à Orange, ce n'est pas si mal. Il y avait de quoi perdre deux jours si on ne s'était pas battu comme des lions ", commente le skipper.

Le record actuel est de 64 jours 8 heures 37minutes et 27 secondes. Pour arriver dans les temps, il faudra donc arriver en moins de 10 jours et 23 heures. " Devant nous, un pot au noir se développe. Le système que l'on vient de traverser continue jusqu'à 3° ou 4° de latitude Nord. Pas de vent en Atlantique nord, l'alizé n'est pas construit. Le pot au noir prend une place énorme, au minimum 1400 km d 'épaisseur. Aucun élément nous permet de penser que l'on va aller vite dans les jours à suivre. Malgré une ambiance plutôt agréable et active, il plane toujours cette angoisse de voir que ça se s'améliore pas. Pendant des jours et des jours, on a cru que le vent viendrait. À présent, on sait qu'il va falloir encore attendre l'équivalent de 300 ou 400 km. Le Trophée Jules Verne va se faire à l'arrachée. Si on réussi à l'avoir, ce ne sera pas d'un jour, ni d'une demi-journée, mais plus certainement de quelques heures ou quelques minutes. Peut-être aussi qu'il nous manquera 30 minutes. Aujourd'hui, c'est à ce niveau-là que ça se passe. Certes Orange a été coincé dans l'Est, mais nous, nous sommes coincés dans le Sud. On monte lentement. Orange a réalisé une fin de parcours que l'on peut considérer comme honorable. Il va falloir que l'on aille très vite. En attendant, chaque heure qui tourne en ce moment nous fait accumuler du retard ", termine Olivier de Kersauson.




Retour vers liste des temps forts

 

 



La pétole !


Skipper avec super équipage souhaiterait
rendez-vous "amical" avec beaux alizés ... et vite ! (Affinité assurée).

 


01/03/2003 :


Toujours en prise à des vents faibles, le trimaran poursuit sa remontée vers le nord. Pour son 49eme jour de mer, Géronimo a parcouru 235 milles à une vitesse moyenne de 9,82 noeuds, depoint à point. A 3h00 TU ce matin Géronimo pointait à 1 408 milles de l'equateur (par 30°W). Orange au même terme de son parcours se situait à 2014 milles de ce point.

Géronimo fait actuellement route au près serré dans de très petits airs. Aucun signe ou prémisse alizéen pour le moment." Voilà trois jours que des champs de vents tombent et que l'on ne voit jamais rien arriver. 8 nœuds, c'est le maximum relevé à l'anémomètre. Je ne comprends pas trop. L'ensemble des prévisions est assez cohérent en général. Actuellement, Géronimo évolue dans une espèce de pétole énorme avec des aspects orageux depuis cette nuit. Il pleut des cordes et le vent est très irrégulier, entre 4 et 12 nœuds. Heureusement, le bateau est une bombe dans le petit temps. Un tour du monde se gagne ou se perd dans la remontée Nord Sud. Certes, Géronimo est rapide dans les petits airs, toutefois faut-il encore qu'il y en ait. Ce n'est pas le cas en ce moment. Il n'y a rien. A un certain angle, le bateau marche jusqu'à deux fois la vitesse du vent : lorsqu'il y a 4 nœuds le trimaran avance à 8 nœuds. C'est rapide mais pas suffisant. De plus, Géronimo a un tirant d'air énorme. Les girouettes sont placées en tête de mât, à 43 mètres au-dessus de nous. C'est donc le haut de la voilure qui travaille car à mon avis, à moins de 30 mètres, il n'y a déjà plus rien. Les prévisions annoncent toujours 10-15 nœuds. A chaque instant, on doit avoir du vent que l'on ne voit pas arriver. Je ne les regarde donc plus, ça ne sert à rien. Si on commence à hypothéquer sur celles-ci, il y a de quoi devenir cinglé ", commente le skipper.

Olivier de Kersauson et ses 10 hommes d'équipage changent d'amure, tirent des bords en fonctions des rotations de vents. " On a des petits airs de 4 nœuds qui varient de 50 à 70°. Nous sommes souvent obligés de manœuvrer afin de récupérer la moindre bouffée d'air néanmoins, nous essayons de tenir une ligne médiane. L'ambiance à bord se tend un peu. Cette zone de calme demande une vigilance énorme pour récupérer un mètre de parcours. Lorsqu'un quart termine, je reste sur le pont pour expliquer la situation à l'autre pour qu'il essaye de se démerder au mieux. Heureusement, Yves Pouillaude est d'une sérénité incroyable, c'est extraordinaire. Ce n'est pas de l'indifférence, il reste de bonne humeur. Ça détend un peu l'atmosphère…".



27/02/2003 :


Jeudi après-midi, après un peu plus de 47 jours de mer, l'équateur était à 1.720 milles des étraves du maxi-trimaran. L'an dernier Bruno Peyron et les siens avaient franchi ce "cap" après un peu plus de 53 jours. Pour conserver de l'avance sur le temps de référence d'"Orange", Olivier de Kersauson et les siens doivent parcourir une moyenne de 286 milles par jour. Vendredi, le maxi-trimaran du Brestois devrait franchir le Tropique du Capricorne. Par ailleurs, "Géronimo" a parcouru 21.000 milles à une moyenne de 18 noeuds.


26/02/2003 :


Olivier de Kersauson et ses équipiers ont aligné plus de 412 milles en 24 heures aujourd'hui. Pétole prévue pour ces prochaines heures !
"Un tour du monde, c'est très aléatoire. Nous avons connu un océan Atlantique Nord un peu magique avec des conditions formidables. L'Atlantique Sud était plutôt moyen. Les conditions dans l'Indien et le Pacifique ont été absolument dégueulasses. Or ces océans sont quand même les 2/5 du parcours. En général, c'est là que l'on engrange les milles pour les remontées nord-sud. Pour "Géronimo", ça a été l'inverse. Les conditions ont été exceptionnellement négatives dans toute cette partie du globe".
Ils n'ont pu à aucun moment dans les mers du sud se positionner en latitude sud, ils étaient bloqués au nord dans une mer qui n'a pas été facile de dompter.

"Difficile de gagner du temps d'ici l'équateur"

De plus, cette année, la remontée de l'Atlantique n'est pas des plus simples, pas de passage à l'est et sur la route directe : des zones de calmes qui s'enchaînent. "On sait maintenant que jusqu'à l'équateur, ça va être mauvais. Peut-être que de l'autre côté de celui-ci, dans la négociation de l'anticyclone de Sainte-Hélène, on aura moyen d'aller un peu plus vite. Je ne demande pas des conditions exceptionnelles, juste moyennes. Parce que jusqu'à l'équateur, on ne pourra rien prendre sur "Orange". Au mieux, on égalise, au pire, on limite les dégâts", concluait le skipper de "Géronimo".





Retour vers liste des temps forts

 

24/02/2003 :

Annonce de l'abandon d'Ellen Mac Arthur suite à un démâtage.
Pas de blessés à bord.
Alors qu'il progressait sous grand voile haute et spinnaker dans des conditions modérées de 25-30 noeuds de vent et 1.5 mètre de houle, à environ 100 milles au sud-est des îles Kerguelen, Kingfisher 2 a démâté, hier à 22h40. Le mât est tombé sans prévenir sur l'avant du bateau, en épargnant les 3 équipiers qui étaient alors sur le pont. A 02h30, sous gréement de fortune, Kingfisher 2 avait repris un peu de vitesse et progressait entre 7 et 10 noeuds vers le port le plus proche et le plus facilement accessible, Perth (sud-ouest de l'Australie), à quelques 2000 milles dans leur nord-est.

Pendant ce temps, Olivier continue sur la route directe mais ne bénéficie pas de bonnes conditions de vent. Le bateau marche plutôt bien dans les petits vents, heureusement .... Lors de la 44eme journée en mer, ils ont pu faire 352 milles de plus, à une vitesse moyenne de 14,69 noeuds. Attendons donc qu'Eole veuille bien coopérer davantage !

Olivier a biensûr eu connaisance de l'avarie sur Kingfisher. Voici sa réaction :
" Un démâtage est toujours une avarie technique lourde dans laquelle il y a quelque chose de terrible. Non seulement on perd le mât, mais surtout le bateau ne peut pas recourir dans la foulée. L'équipage perd tout espoir car cela veut dire immobilisation du bateau et fin du Trophée Jules Verne, cette année tout au moins. Comme tous les équipages, les hommes de Kingfisher2 se sont donné du mal pour armer, préparer et courir. C'est quelque chose de regrettable, mais j'espère que ce n'est que partie remise pour l'année prochaine ".

Géronimo bénéficie depuis ce matin d'une "petite dépression". Il continue en route directe vers l'équateur à une vitesse sur le fond de 19,0 noeuds.

 

Bon vent Géronimo ! C'est la dernière ligne droite jusqu'à Brest !


" Le Horn se mérite. Son passage signifie la fin des emmerdes, l'entrée dans un monde plus humain ".
Comme le soulignait Didier Ragot, c'est l'assurance de ne plus risquer sa vie dans des zones où personne ne peut venir vous chercher s'il y a un pépin à bord. Après un peu plus de 40 jours de mer, c'est avec un certain soulagement qu'ils se rapprochent de jour en jour de Brest.
Il est vrai qu'entre l'Indien et le Pacifique, ils n'ont pas été gâtés : mer " casse-bateau ", conditions pourries, mauvaise glisse, icebergs qui obligent à rallonger la route. Bref, une sortie du tunnel vers la lumière. Heureux aussi d'avoir un bateau en très bon état (c'est ce que souhaitait Olivier au départ de ce tour du monde), un équipage en forme et toujours prêt à donner le meilleur de lui même. Ils quittent le Sud avec la satisfaction d'avoir pu mener le bateau à des vitesses tout à fait convenables compte tenu des conditions exécrables rencontrées cette année, et qui les ont contraint à rallonger leur route de 20 % environ (c'est sûrement cela qui donne de l'amertume tant au skipper qu'aux équipiers).
Cependant, si le fait de quitter ce monde hostile est plus rassurant pour l'équipage, le casse-tête sur les cartes météo est loin d'être terminé.
L'avance qu'Olivier et son équipe avait su engrangée a bien fondu depuis le Cap Leeuwin. Déjà, entre Bonne Espérance et Leeuwin, ODK n'avait pas pu égaler le temps référence réalisé sur "Sport-Elec" en 1997, mais l'Indien et le Pacifique réunis ont "grignoté" la moitié de la réserve de milles : il ya eu en tout et pur tout 2 belles journées de glisse sur ces 20 jours de brume et de crachin.
Au passage du Horn, Olivier affiche une avance de un jour et demi sur Orange. Aussi, on comprend bien que le parcours restant va être décisif : entre l'anticyclone de Sainte-Hélène, le Pot au Noir et le passage des Açores, le chemin du retour est semé d'embûches, même si le trimaran tire très bien son épingle du jeu dans les petits airs. On mesure à quel point cette avance est à conforter quand on observe le retard d'Ellen Mac Arthur entre Ouessant et le Cap Bonne Espérance, ou quand on se rappelle les conditions de calme rencontrées à l'équateur par Olivier lors de sa tentative de l'an dernier. Ils savent aussi que maintenant qu'ils ont atteint ce point du parcours, ils vont pouvoir rechercher des vitesses plus élevées, celles que peut atteindre un bateau aussi magnifique que Géronimo. le fait qu'il soit en parfait état peut leur permettre de "tirer" un peu plus sur leur monture, de bénéficier du fort potentiel de ce géant des mers qui a tenu toutes ses promesses.
Croisons les doigts pour que Géronimo bénéficie de la clémence d'Eole et de Neptune, on peut bien espérer cela après les conditions pourries qu'ils ont subies depuis Leeuwin !!!

 

 


La "pseudo-délivrance", et 2 nouveaux records au passage du cap mythique : le Cap Horn !

A 19 heures 16 minutes et 13 secondes TU, Géronimo a établi un nouveau temps record entre Ouessant et le Cap Horn. Olivier et son équipage conserve une avance de 1 jour 10 heures et 36 minutes sur Orange, malgré une navigation dans le Sud rendue très difficile par la présence d'iceberg. Subissant des dépressions circulant très nord, empêchant de faire route au sud, Géronimo aura finalement avalé 350 milles de plus qu'Orange pour atteindre le célèbre rocher Chilien en 40 jours 16 heures 16 minutes et 04 secondes.

20/02/2003 :

Avec 40 jours 16 heures 16 minutes et 04 secondes pour ralier le Horn, Olivier et ses hommes reprennent le record à Bruno Peyron.
Ils empochent également le record "Equateur - Cap Horn" avec seulement 2 minutes d'avance sur le temps réalisé par Orange.
(voir page "temps de référence")

Mais avant tout, Géronimo sort enfin de l'enfer, ce qui ne déplait pas au cap'tain et à ses équipiers :
" Le parcours du Trophée Jules Verne est magnifique. Le cap Horn n'est donc pas une délivrance. Passer ce rocher est aussi un bon moment. Nous avons pu ménager le bateau et l'équipage. Nous venons de sortir d'un passage difficile du Sud sur lequel, tant dans l'Océan Indien que dans l'Océan Pacifique, nous avons eu des mers infectes, toujours croisées, avec de la très mauvaise glisse. Nous avons été obligés de naviguer très Nord à cause des dépressions violentes, très Nord elles aussi. Impossible donc de descendre vers un beau Sud. De plus, il y a eu des glaces à hautes latitudes.Cela n'a été un Sud ni amusant, ni émouvant et sans beauté à cause de la brume et du crachin. Il n'y a pas eu cette magie qui est souvent une grande compensation de ce monde de froid, d'isolement et de grandeur en même temps. Je me souviens être passé là il y a quelques années, presque à l'arrivée de l'hiver. On avait une impression d'éloignement, de magie très forte. Là, les moments n'ont été magnifiques que sur le plan maritime. Il fallait faire marcher Géronimo dans des conditions alors qu'il n'y avait pas de bonne glisse, pas de moment intéressant.

Certes, intellectuellement ça a été tout à fait passionnant. Cependant, émotionnellement nous avons été privé de ce Sud qui fait battre le coeur. Aujourd'hui, l'ensemble de l'équipage de Geronimo est content de passer le Horn. On sait que l'on va retrouver des couleurs, des ciels, du bleu, des étoiles. C'est un parcours que j'ai fait six fois dans ma vie. Si ça avait été 6 fois comme cela, ça ne l'aurait pas fait. Nous sommes toujours obligés de ralentir pour ne pas fracasser le bateau. Nous avons eu très peu de belle glisse, ce qui est un peu frustrant. Imaginez quelqu'un qui monte à 8000 mètres, qu'il y a du brouillard. Il ne voit donc même pas la montagne sur laquelle il est. C'est un peu ce qu'il s'est passé pour nous.Malgré le fait que nous ayons été très vite, nous avons perdu un jour et demi de l'avance que nous avions sur le record de Bruno Peyron. D'un autre côté le bateau est en état. J'ai toujours dit qu'il fallait arriver au cap Horn avec un bateau et un équipage capables de courir, d'assumer l'extraordinaire variété de conditions météorologiques que nous allons avoir à partir de maintenant et jusqu'à l'arrivée à Brest. Mis à part un petit pet sur un flotteur à l'arrière qu'une vague a fait, rien de grave à signaler. Le matériel entièrement en état. Il n'y a pas non plus de blessés malgré quelques beaux chocs et autres plantages.J'ai un bon équipage, vraiment formidable. Ce sont tous des marins. Certains viennent de la marine marchande, d'autres de la pêche. Ce sont des hommes de mer. Ils n'ont pas mis longtemps à devenir de vrais bons régatiers. La manoeuvre va vite. Aucune faute de manoeuvre sur le tour. Pas une seule écoute mal passée en dépit de la fatigue. Pas un gennaker qui ne monte pas à toute vitesse. Sur Geronimo, l'ensemble de l'équipage fait preuve d'une capacité de résistance et de contrôle tout à fait formidable, c'est un vrai bonheur.Nous sortons d'un monde sans innocence. Ces océans du Sud, même à cette époque de l'année, ont des réserves de vent de violences colossales. Le passage du Horn signifie que cette partie dure et violente est finie. Bien sûr, maintenant on peut encore prendre des coups, mais ce ne sera pas systématique.Comme le disait Didier Ragot, une fois que l'on a passé le Horn, on sait qu'on ne va pas mourir, que quoi qu'il arrive on s'en tirera ", termine Olivier de Kersauson.


21/02/2003 :


Extrait de la vacation d'Olivier. Tout est dit dans ces quelques lignes : bonheur de quitter ce Sud hostile, bonheur de naviguer avec un équipage de ce niveau, et un envoyé spécial (mais au fait, ne s'agirait-il pas d'un clin d'oeil du vieux Nelson ?

Question: Ce passage du Cap Horn, peux-tu revenir là-dessus et nous parler de ce moment qui a été certainement un moment magique ?
Olivier de Kersauson: Je me réveille... je n'ai pas dormi depuis longtemps... Tu dis quoi ?
Q: Je te parlais du passage du Cap Horn.
OdK: On est passé tout près. On avait comme d'habitude pas de route directe, on est passé à tirer des " pannes ", on était à moins d'un mille... La brume a disparu le temps de passer le Horn pendant une heure. On avait une belle lumière, du ciel bleu, c'est bien, c'est joli, on a fait des photos idiotes, des photos de groupe, les nouveaux et, les anciens... On a fait tout... On s'est bien marré. Cela nous faisait plaisir. Le matin c'est dommage, les gars qui n'y sont jamais allés ne vont pas le croire , on a eu un temps formidable. Pendant une heure et demi, la brume a disparu avec du ciel bleu, belle lumière, il faisait presque chaud. On s'est fait des photos d'idiots. C'était sympa. C'est d'une beauté incroyable. Cette pierre noire, avec ce tout petit phare, que j'avais vu éclairé dans la pénombre. On voyait bien certains pics comme on voit aux îles Marquises ou dans les illustrations des bouquins de Jules Verne, le Tour du monde en ballon et tout cela... La diffusion avec le gardien de phare était géniale. On a fait répéter 10 fois, il ne comprenait pas que l'on aille à Brest en passant par là !
Q: Avez-vous vu la Cordillère des Andes, les monts enneigés derrière ou c'était trop loin ?
OdK: On avait de la visibilité sur une vingtaine de milles, dans une espèce de cercle bleu, très haut, on ne voyait rien au-delà. On a vu l'île à côté, c'est tout. Un quart d'heure avant j'étais passé près de Diego Ramirez à un mille et demi, on ne voyait pas.
Q: L'ambiance à bord : je suppose que les nouveaux " cap horniers " ont eu le temps de fêter cela dignement où vous reportez cela à plus tard ?
OdK:
Non pas vraiment. On n'a rien pour faire la fête à bord. On était content. C'est dans la symbolique. Le Horn, c'est quand tu sais que tu l'as atteint, tu sais que tu vas entrer dans des routes clémentes. On en avait marre entre un Indien dégueulasse et un Pacifique pareil, on a eu tous les ennuis du sud et aucune des joies, ni des lumières, ni des beautés. En plus, on n'était même pas sud, on a fait un parcours très très nord, avec des rotations rapides, la mer violente. En 20 jours, 2 journées, 2 belles nuits. Une fois sous Kerguelen, presque une journée et demi, et une autre fois en Tasmanie quand on descendait. En permanence, on a eu le vent sur la route, toujours à tirer des pannes et de la mer cabossée, des espèces de creux... On a récupéré un oiseau de mer à bord. Un petit. On ne sait pas ce que c'est. On l'a retrouvé dans les filets du bateau. Je ne sais pas si c'est une vague qui l'a projeté à bord ou s'il ne s'est pas éclaté sur quelque chose, sur le haubanage, on l'a installé à l'intérieur, près du moteur où il y a un peu de chaleur, on lui a fait un nid qui n'est pas prémonitoire : dans une cocotte minute ! On essaie de le nourrir avec du poisson et un peu d'huile.
Q: Cela fait un compagnon en plus. Vous êtes 12 à bord Olivier ?
OdK: Je pense... Il est joli en plus... Je ne sais pas ce que c'est...
Q: Mâle ou femelle ?
OdK:
On n'a pas regardé. Ce doit être un mâle, il n'avait pas de sac à main ! (rires)




Retour vers liste des temps forts

 


Des conditions difficiles dans ce Pacifique, et puis une journée plus encourageante ...

C'est vraiment pas de chance que de naviguer dans des conditions aussi difficiles. Des mers croisées, des dépressions Nord empêchent une bonne glisse et une vitesse tant espérée.
Au Sud, la présence de glaces interdit d'y faire route, surtout de nuit. Plus au Nord, le vent manque de puissance. Il s'agit donc encore d'un compromis, consommateur des milles d'avance si précieusement accumulés depuis le début de la tentative.

16/02/2003 :
Geronimo a parcouru 454 milles lors de sa 36ème journée de mer, soit une vitesse moyenne de 18,90 nœuds de point à point. Si le trimaran progresse à plus de 20 nœuds, les empannages sont fréquents.
Le Sud est décidément médiocre cette année, interdisant les longues journées de glisse par manque de vent, mer cabossée ou présence de growlers." C'est ce que je me dis quand ça ne marche pas comme je voudrais, ce qui est exactement le cas. Depuis trois jours, ce p … de vent dans l'axe de la route nous oblige à tirer des pannes. Mais mieux vaut ce temps-là que pas de temps du tout: Grrrrrrrrr ! " commentait hier soir le skipper.
Depuis ce matin, la dépression sur laquelle Géronimo s'appuyait depuis l'antiméridien s'essouffle et devrait disparaître aux abords de la pointe du continent sud américain. Un nouveau système dépressionnaire, composé au nord d'une dépression tropicale et au sud d'une autre dépression froide, devrait permettre au trimaran de retrouver du vent à partir de cette nuit, de secteur nord nord-ouest. Après empannage, les guerriers de Géronimo devraient donc retrouver un angle au vent favorable leur permettant de tirer tout droit sur le cap Horn.



19/02/2003 :


Encore une bonne journée : 545 milles parcourus à la moyenne de 22,70 noeuds lors de son 38ème jour de mer. A présent, la bascule de vent au Nord Nord-Ouest permet à Oliver de Kersauson et à son équipage de descendre sur le cap Horn en route directe, poussés par des vents de 37 à 42 noeuds, et jusqu'à 45 dans les rafales." Géronimo porte sa grand-voile à deux ris et trinquette. Nous avons une bonne glisse. La mer n'est pas trop formée. Pas trop vicieuse en tout cas. Jusqu'à présent, nous avions des mers chaotiques, dégueulasses. Exceptions faites de nos passages sous les Kerguelen et au Sud de la Nouvelle-Zélande. Actuellement, la mer est plutôt rangée, bien que forte.Le bateau passe bien. Même si parfois ça reste un peu croisé et par conséquent un peu cow-boy, c'est loin d'être dantesque. C'est du Sud sympa. La mer est assez longue. Peu de risques de planter le bateau, ou d'enfourner. Pas non plus d'engagements trop irréguliers, en tout cas rien de grave. Tout va bien malgré toujours un peu de fatigue, du mal de dos pour certains puis quelques ecchymoses. En effet, avec les chocs, on se retrouve parfois projeté d'un bord à l'autre. Sinon ça se pilote bien".


Olivier est toujours très vigilant dans ces conditions de mer difficile : "Nous savons qu'il y a des icebergs de l'autre côté du Horn. J'ai eu une position sur des relevés, le long de la côte, sur le plateau Argentin. Nous n'avons évidemment pas envie d'en croiser de nouveau. D'autant qu'une descente d'air chaud, derrière nous, entraîne des visibilités nulles : 400 mètres à peine en ce moment ! On a le radar en veille et le quart en place sur le pont le surveille assez régulièrement ".




Retour vers liste des temps forts

 


Prudence encore et toujours dans le Pacifique!



Après un Indien qui leur a réservé des conditions de mer épouvantables, le Pacifique ne se montre pas vraiment sous son meilleur jour pour les premiers milles d'accueil. Les conditions météo ne permettent pas le choix d'une route plus courte et les growlers restent le danger N°1.


Si on analyse la situation par rapport à celle qu'a connu Orange, sur la parcours menant du Cap Bonne Espérance au Cap Leeuwin : Peyron met 10 jours 12 heures 42 minutes tandis qu'Olivier de Kersauson fait ce même parcours en 1997 en 8 jours 23 heures et 17minutes, soit 1 jour 20 heures et 29 minutes de moins pour Kersauson.
Peyron connait des difficultés pour se recaler sur la route classique. Il essuie de violents coups de vent qui le contraignent de se mettre un jour à la cape et le lendemain à sec de toile. Au final, il perd quasiment deux de ses trois jours d'avance et double Leeuwin avec seulement 1 jour et 7 heures d'avance sur Kersauson après 29 jours de mer et quelques 12 000 milles. Une entrée dans le sud ratée mais pas d'autre solution pour Peyron. Olivier a fait un meilleur temps sur Géronimo ( 9 jours 14 heures et 18 minutes) mais il n'améliore pas le temps référence.
Vu l'avance accumulée au Cap Bonne Espérance,
Geronimo passe ainsi le second cap du parcours, situé à l'extrême Sud Est de l'Australie, avec 3 jours 2 heures et 29 minutes d'avance sur Bruno Peyron.

La Tasmanie a été passée dans un temps raisonnable mais pas optimal vu les conditions météo rencontrées.
Il s'agit maintenant de bâtir une stratégie pour le choix de la route qui permette à ce fabuleux trimaran d'atteindre les vitesses attendues. Cela va dépendre bien entendu de la météo.
Rappelons que Peyron fait la différence dans le Pacifique : les chevaux sont lachés, avec plus de 630 milles en 24 H. Il gagne quasiment 3 jours et 7 heures, ce qui porte son avance à 4 jours 14 heures avant la remontée vers Brest.
Sur le parcours Cap Leeuwin - Cap Horn : Peyron met 12 jours 19 heures et 30 minutes contre 16j 2H 27mn
pour Olivier en 1997.

On comprend donc la nécessité pour Géronimo de retrouver de bonnes conditions de mer et de vent pour continuer à avaler les milles et peut-être accentuer son avance.


14/02/2003 :


La nuit dernière, Geronimo a croisé ses premiers icebergs alors qu’Olivier de Kersauson et ses 10 hommes d’équipage naviguaient à 53° Sud. Une véritable surprise à ces latitudes. « C’est ce qui m’inquiète un peu. On en voit rarement aussi Nord sauf les années de grandes débâcles. Rencontrer de la glace à cet endroit, avec des températures d’eau relativement élevées (entre 7 et 10°), m’a mis un petit coup de froid, c’est le cas de le dire. C’est assez alarmant. On se retrouve dans un schéma de navigation très particulier. D’un côté, des systèmes cycloniques où il est impossible de mettre les pieds. De l’autre, un Sud compliqué. On se fait chahuter entre des hautes pressions qui s’installent et des dépressions qui essayent de monter. Résultat : des routes inconfortables, des grains, des systèmes perturbés avec des fronts. Si en plus il y a des glaces, ça va vraiment devenir la fête. Depuis 24 heures, on a un peu l’impression d’être à la peine, d’avoir du mal à passer et à trouver une latitude où ça glisse. On est un peu le nez dedans ».


Les moyens de détection des icebergs et growlers restent limités, aussi bien le jour que la nuit. « Ce qui est dangereux pour nous, ce sont tous les morceaux qui s’échappent des icebergs ou qui flottent au ras de l’eau. Seul 10% de la glace dépasse à la surface. Pour exemple, un bloc de 100 m3 ne va dépasser que d’un mètre de l’eau. Avec des bateaux comme Sport Elec, moins rapides, c’était plus simple. Un trimaran tel que Geronimo va toujours au-delà de 20 nœuds alors que nos moyens techniques de détection ne se sont pas améliorés. Il y a également une part de hasard dans tout ça. Donc on fait attention car si on touche avec le carbone, c’est un drame ! Lorsque la mer est levée et qu’il y a 5/6 mètres de creux, quelque chose qui ne dépasse de l’eau que d’un mètre ne sera vu qu’au dernier moment. C’est donc un peu effrayant. D’ici à une dizaine de degrés de longitude plus Ouest, le danger sera dissipé. Faut-il encore y aller ! ».

15/02/2003 :

Géronimo fait toujours une route au Nord, venant de recouper la trajectoire du record d'Orange. Contraint de remonter jusqu’à 52° de latitude Sud ces dernières heures, Olivier de Kersauson et ses 10 hommes d’équipage n’effectuent pas une trajectoire des plus favorables. « D’un point de vue géographique, notre route n’est effectivement pas très bonne. Nous perdons beaucoup de temps en ce moment. Comme on est à la convergence antarctique, j’ai décidé de tirer un bord Nord, pas vraiment opportun. L’idéal aurait été de faire de l’Est. En fait, on est monté en faisant du 50° (Nord-Est) pour s’éloigner de ce piège. Nerveusement c’est difficile : Tension et fatigue à la clef. Vivement un Pacifique un peu plus harmonieux. Sinon, qu’on sorte vite de là. Plus on descend tôt, et plus la route est courte. Ce n’est pas le cas pour l’instant, mais d’ici à quelques heures, je pense que ce sera possible. Tout va dépendre de la dépression qui est en dessous de nous. On a l’impression que le système pourri qu’il y avait dans l’Indien se propage jusqu’ici et ce n’est pas bien pratique. Malgré tout, ici on arrive quand même déjà à atteindre des latitudes plus Sud. Dans l’Indien, on était souvent au-dessus de 50 pour réussir à passer, alors que là on réussi quand même à naviguer aux alentours de 52° ou 54° de latitude Sud. J’espère vraiment pouvoir descendre rapidement. On verra. A chaque jour suffit sa peine. Même si à priori, les hospices ne sont pas bons, on réussira bien à passer ».

 




Retour vers liste des temps forts

 

 

 

Retour vers Haut de page

 
     

 

           
  Portrait du skipper
Equipage présent sur
"Sport-Elec"
    Le Trophée Jules Verne  
  Evolution du trimaran "Sport-Elec"     21 records océaniques !
Réactions.
 

 


Contact


clarcheveque@free.fr