Réaction
d'Olivier de Kersauson peu après avoir franchi la ligne :
"Nous
avons terminé notre travail. Nous avons hâte de rentrer
à la maison, toutefois il y a cette espèce de nostalgie
de quitter une activité passionnante. Un tour du monde vous
occupe complètement. Néanmoins, nous sommes contents
de revoir nos partenaires, nos amis, nos proches, les gens que l'on
aime, et également de terminer ce Trophée Jules Verne
qui n'avait plus grand sens depuis les Açores. Nous avons
connu un drôle de Trophée Jules Verne, je ne souhaite
à personne de trouver les conditions que l'on a rencontrées.
C'est usant, triste, et cela procure un sentiment d'impuissance
effrayant. Mais je suis fier et heureux d'avoir commandé
un tel équipage sur un tel bateau. En six tours du monde,
je n'ai jamais vu des conditions aussi négatives, aussi hostiles.
Notre remontée de l'Atlantique restera dans les annales du
nautisme. Pour moi, ce tour du monde restera comme l'un des plus
beaux. Nous avons vécu des moments délicieux, intenses.
Oui, je suis triste aujourd'hui. Mais, il n'y avait rien à
faire face à une telle météo : c'est frustrant
et vexant. Maintenant, il faut qu'on fasse un débriefing
de tout ça. Il y a peut-être quelques modifications
à apporter au bateau : on a tous des idées là-dessus,
mais il faut mettre tout à plat. Mât inclinable, foils
? Le bateau est structuré pour ça, mais il faut y
réfléchir. En revanche, il n'est pas exclu qu'on rajoute
4 à 5 mètres au mât : c'était d'ailleurs
prévu à l'origine".
Quelques
mots d'Olivier pour son équipe : " Cet équipage
a une vraie foi en la compétition, un réel goût
de la mer et de la navigation qui fait que chaque homme donne le
meilleur de lui-même. Pour moi, cela a été un
très beau tour du monde, absolument magnifique au niveau
maritime. Sur ce tour du monde, nous nous sommes donné du
mal. À bord, il y a eu de l'acharnement. Humainement ce sont
des moments très émouvants et formidables. Je suis
très heureux. Toutefois, c'était dur. Les ennuis révèlent
les hommes et les bateaux et tout ce qui nous venait de désagréable
de l'extérieur confortait l'intérieur. Aujourd'hui
je suis triste. Nous avons eu la chance de vivre une aventure maritime
formidable, forte, intéressante, variée bien qu'hostile.
Nous sommes un peu déçu de ne pas ramener autant que
l'on aurait voulu à tous ceux qui nous ont soutenu. Il n'y
avait rien à faire et c'est frustrant, un peu vexant même,
mais on remettra ça, c'est sûr, d'autant que la connaissance
que nous avons aujourd'hui de Géronimo est très supérieure
à celle que nous en avions, il y a quelque temps ".
"
Ce qui est beau chez les hommes, c'est le mal qu'ils sont capables
de se donner. " C'est la leçon qu'Olivier de Kersauson
voudrait retenir de ce Tour du monde. Ni l'équipage, ni le
bateau ne pourraient être remis en cause, seule la météo
est fautive, peu enclin à jouer le jeu. " Nous avons
vécu une aventure humaine exceptionnelle, mais nous ne pourrons
malheureusement pas vous faire vivre sa force émotionnelle.
Un record aurait permis de concrétiser cela et aurait permis
à ceux qui nous soutiennent de partager cette performance.
" Mais il est déjà question d'une nouvelle tentative,
de nouveaux aménagements sur Géronimo. Géronimo
n'abandonne jamais.
"C'est
frustrant"
La déception,
c'est, bien entendu, ce record qui leur a filé entre les
doigts. Si près du but : "Je suis triste aujourd'hui.
28 jours de calmes, c'est du jamais vu, mais il n'y avait rien à
faire. Alors, c'est frustrant, vexant même, mais on ne va
pas se laisser vexer trop longtemps..."
Sous-entendu, demain il fera beau et "Géronimo"
repartira d'ici peu sur le sentier des records.
D'ailleurs, l'histoire a démontré que Kersauson n'est
jamais resté sur un échec. Et, aujourd'hui, le chef
Apache sait deux choses : sa monture est très rapide et ses
guerriers sont prêts à se battre à ses côtés.
"Moi, je repars demain", s'est même exclamé
Marc Le Fur.
Et, jeudi, il y en avait dix autres qui pensaient la même
chose...
Quelques
réactions d'équipiers de retour sur la terre ferme
:
Marc Le Fur : " Géronimo est très sain
à la barre, y compris dans des mers très formées.
Les manuvres sont souples même si l 'effort est vraiment
très intense dans le moment. Il est beaucoup moins humide
que "Sport Elec". Ce tour du monde fut un vrai bonheur
et je suis prêt à repartir demain".Ça a
été un vrai plaisir ".
Rodolf
Jacq : "Il reste un goût de "pas fini",
mais je n'ai jamais vu autant de petit temps sur un tour du monde.
On y a cru jusqu'aux Açores. J'aurais souhaité plus
de vent. J'ai pris beaucoup de plaisir à la barre. Le bateau
est très fin et demande beaucoup de concentration. Je suis
ravi de ce tour du monde. Nous n'avons pas grand-chose à
nous reprocher. Nous avons véritablement tiré la quintessence
du bateau ".
Jean-François Fouchet : "A bord, tout s'est bien
passé, nous avons fait une belle navigation, mais on ne peut
pas lutter contre Dame Nature. Je me répète, l'ambiance
était très bonne. On ramène un bateau en parfait
état. D'ailleurs, c'est ce qu'il y a de plus important dans
un tour du monde : ramener le bateau et les hommes en bon état.
Moi, je suis prêt à repartir demain".
Et
Didier Ragot de conclure : "Tant d'efforts anéantis,
c'est démoralisant. Mais bon, c'est comme ça. Je pense
même qu'avec 4 ou 5 jours d'avance, cela n'aurait pas suffi".
Florence
Arthaud venue les accueillir : "Ils ont bien de la chance
de revenir d'un si beau tour du monde avec un si joli bateau. Il
n'y a pas un bateau qui aurait pu aller plus vite qu'eux avec une
telle météo".
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